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Le Learning Lab de Faurecia dépasse les 20 millions de questions répondues !

 

Il y a 6 ans, la Faurecia University, l’université d’entreprise de l’équipementier automobile et champion industriel français Faurecia, lançait l’initiative Learning Lab, une plateforme de formation en ligne en collaboration avec Coorpacademy pour impliquer efficacement chaque collaborateur dans l’entreprise, son évolution et ses transformations.

Le Learning Lab forme maintenant plus de 100 000 collaborateurs de Faurecia, et a remporté un Silver Brandon Hall Award, un prix international prestigieux dans le secteur de la formation.

Il y a 1 an, David Jestaz, Vice-Président de la Faurecia University, et Arnauld Mitre, co-fondateur de Coorpacademy, célébraient les 10 000 000 de questions répondues sur la plateforme.

Aujourd’hui, nous célébrons (déjà) les 20 000 000 de questions répondues, soit plus de 700 000 heures de formation ! Le tout en seulement 12 mois !

Un jalon majeur, signe de la réussite structurelle de la formation en ligne chez Faurecia et de l’engagement et de l’implication de chaque collaborateur dans les transformations stratégiques de l’entreprise, dans un monde qui évolue très rapidement.

David Jestaz, VP de la Faurecia University, publiait d’ailleurs à ce sujet :

Il y a quelques jours, notre Learning Lab – la plateforme de formation digitale de Faurecia – a dépassé le seuil des 20 millions de questions répondues depuis son lancement mi-2015. Qu’est-ce que représente une « question » ? Chez Faurecia, chacun des 400+ cours que nous proposons renferme en moyenne 12 questions de validation des connaissances. 

Ce seuil des 20 millions de questions représente près de 700 000 heures de formation en ligne, délivrées à quasiment 100 000 collaborateurs connectés de Faurecia, des usines au siège.

L’adoption de la formation en ligne a progressé à un rythme soutenu chez Faurecia : quand il a fallu 18 mois pour atteindre le million de questions répondues, il n’en a fallu que 12 pour les 10 derniers millions !

Chaque moi, près de 17 000 collaborateurs se connectent et ces chiffres ont doublé pendant le confinement. 50 000 employés ont suivi les cours en ligne sur les nouvelles mesures sanitaires et les nouveaux protocoles de sûreté sur site. 

Le Digital Learning est un succès structurel chez Faurecia et nous avons identifié plusieurs raisons à cette réussite.

  1. Le Learning Lab a été déployé en totale collaboration entre les différents services de l’entreprise (les Opérations, la Finance, les Ventes, les Achats) ainsi qu’avec la Faurecia University, pour l’implanter solidement dans nos routines de travail et pour répondre aux besoins du business mais aussi des apprenants. 
  2. Les fonctions RH travaillent fortement à promouvoir la montée en compétence, l’apprentissage continu, tout au long de la vie et la sauvegarde de l’employabilité de chacun. Les équipes RH sont les vecteurs locaux et régionaux, en permettant et en gérant particulièrement l’accès aux ressources digitales sur site, dans les usines par exemple. 
  3. Les services de Faurecia sont assez agiles pour partager et s’aligner à la fois sur les fondamentaux mais aussi sur leurs transformations grâce aux contenus digitaux. Par exemple, plus de 50 cours ont été développés en 2019 pour expliquer les nouvelles bases et les nouveaux fondamentaux du Système d’Excellence de Faurecia. 
  4. Les collaborateurs de Faurecia, dans le monde entier, font preuve d’un fort appétit pour l’apprentissage et le développement personnel, avec 10 nationalités différentes représentées dans le Top 20 des apprenants. 
  5. La fiabilité de notre partenaire de formation en ligne Coorpacademy, qui fait fonctionner le Learning Lab depuis 2015 et l’alimente de technologies, de contenus et de services. 

Nous sommes convaincus que l’apprentissage et la formation vont continuer à jouer un rôle clé dans la résilience face à la crise mais aussi dans les transformations structurelles de l’entreprise pour un développement durable à moyen terme. Nous sommes très fiers de partager cette étape de notre voyage vers la croissance durable et ces leviers pour sa réussite. 

Pour lire l’article de David Jestaz, en anglais, c’est ici.

La Learning Experience Platform de Coorpacademy : ils en ont parlé… 10 faits marquants à la loupe !

Coorpacademy a été reconnue comme FrontRunner® des logiciels de Learning par l’équipe Gartner Digital Markets Research!

Coorpacademy dans le Top 5 des startups les plus prometteuses de Suisse

Coorpacademy dans le Top 5 des startups de technologie les plus prometteuses de Suisse selon The Next Web ! TNW sélectionne les 5 startups les plus prometteuses des pays européens et d’Israël en fonction de leur performance, leur croissance et leur potentiel.

Coorpacademy remarquée par les grands experts du Corporate Digital Learning

Coorpacademy est dans le Top 15 des Learning Technology Platforms 2018 par The Learning and Performance Institute. Coorpacademy est la première entreprise à intégrer ce Top 15 dès sa première année d’accréditation L&PI.

The Learning and Performance Institute (L&PI) est le premier réseau professionnel indépendant et une institution reconnue au Royaume-Uni du Corporate Learning & Development. 

Coorpacademy est dans le Top 7 des Learning Experience Platforms 2019 par The Craig Weiss Group. Coorpacademy est arrivée en 3ème position du Top 7 des Learning Experience Platforms de Craig Weiss.

The Craig Weiss Group est un cabinet d’analyse et de conseil américain créé et dirigé par Craig Weiss, une des personnalités les plus influentes du monde de la formation en ligne. 

« La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse », disait Albert Einstein : un webinar Learn Everywhere, avec Luc de Brabandere

 

« La meilleure manière d’avoir de bonnes idées, c’est d’en avoir beaucoup. »

Walt Disney l’avait bien compris. Il envoyait un dollar à quiconque lui envoyait une idée, quelle qu’elle soit !

Mais alors comment être créatif, sans débourser un dollar (ou presque), et favoriser l’innovation ? Luc de Brabandère, professeur à Centrale Paris et Fellow du BCG, spécialiste de la créativité vous dit, dans ce webinar, (presque) tout sur :

  • Ce qu’est réellement la créativité,
  • Comment rester créatif sous contrainte,
  • Et les méthodes pour être créatif !

 

Luc de Brabandere

Luc de Brabandere, Senior Advisor et Fellow du Boston Consulting Group, pratique la philosophie en entreprise. Il enseigne à l’école Centrale Paris et à la Louvain School of Management. Spécialiste de la créativité, il est l’auteur, d’une douzaine de livres qui sont devenus une référence en la matière. Il a également co-fondé CartoonBase pour promouvoir l’utilisation du dessin humoristique et encourager la créativité dans le graphisme et les illustrations en tout genre.

Luc de Brabandere, associé à Anne Mikolajczak, ont publié deux cours sur toutes les plateformes Coorpacademy : Organiser des sessions de créativité et Les biais Cognitifs : les pièges de la pensée.

Découvrez le replay du webinar !

Armelle Lavergne : Bonjour à tous, et bienvenue dans cette 8ème édition de Learn Everywhere ! Une huitième session sous le signe de la créativité ! Je me présente rapidement, je m’appelle Armelle Lavergne, je gère les partenariats et l’équipe pédagogique de Coorpacademy, et je suis co-présentatrice de ce webinar car nous allons avoir une discussion avec un de nos partenaires phares et assez ancien, puisqu’il nous a fait confiance depuis quelques années : Luc de Brabandere. Luc, je te laisse te présenter.

Luc de Brabandere : Bonjour, je suis donc partenaire de co-édition de contenu de Coorpacademy. Par ailleurs, je suis aussi fondateur de Cartoonbase et effectivement Fellow au Boston Consulting Group. Cartoonbase, c’est une agence où les consultants et les artistes travaillent ensemble. J’ai toujours été convaincu que les artistes pouvaient apporter beaucoup aux entreprises, mais qu’ils avaient un peu de mal à parler. J’ai donc voulu construire le module manquant, et Cartoonbase fonctionne très bien.

Armelle Lavergne : Merci pour cette introduction, nous pouvons rentrer dans le vif du sujet. Aujourd’hui, nous allons parler de créativité. Nous diviserons cet exposé en trois parties distinctes. Tout simplement, nous allons commencer par la base, qu’est-ce que la créativité ? Ce sera important pour définir le sujet. Ensuite, dans un deuxième temps, nous allons voir comment la contrainte est une alliée de la créativité, notamment en temps de crise : aujourd’hui, nous manquons de budget, la période est incertaine, et nous allons voir comment cette contrainte est un véritable levier pour la créativité. Enfin, nous essaierons de vous donner des conseils pour pouvoir organiser une session de créativité, ce qui permettra aussi de rebondir sur le cours que nous avons sorti dernièrement avec Luc. Nous répondrons ensuite aux questions posées durant ce webinar.

Pour que ce soit interactif dès le début, voici une première question.

La pensée créative repose avant tout sur notre capacité à :

  1. Être inventif ?
  2. Changer de regard ?
  3. Suivre son intuition ?

Une majorité de gens nous dit « Changer de regard ». Luc, 74 % des répondants disent qu’il faut changer de regard pour faire preuve de pensée créative et pour commencer à être créatif. Qu’en penses-tu ?

Luc de Brabandere : Que nous pouvons en rester là, car c’est une très bonne réponse ! Pour moi, c’est la meilleure réponse. Je ne dirais pas la « bonne » car rien n’est ni tout blanc ni tout noir, pour moi c’est effectivement la meilleure réponse. D’ailleurs je vais illustrer immédiatement. Je crois qu’il y a une connexion entre l’imagination et les images ; ce n’est pas un hasard si le mot « image » se trouve dans le mot « imagination ». Alors , pour préciser ce dont on parle, la définition de la créativité, nous allons regarder, ensemble, quelques images. J’ai préparé 5 images, 3 petites histoires, que je vais commenter, et qui sont issues de l’histoire des moyens de transport à travers les âges.

La créativité, c'est l'intelligence qui s'amuse, image et imagination

Vous avez devant vous un bateau, qui a vraiment existé il y a environ 200 ans et qui appartenait à la marine française, qui s’appelait le Sphinx. Ce bateau a quelque chose de très particulier : il est hybride. On voit bien qu’il y a à la fois des voiles et un semblant de machine à vapeur. C’est intéressant de se poser la question du regard que les gens ont et posent sur ce bateau. Imaginez, sur la plage, deux personnes différentes qui regardent le même bateau. Imaginez quelqu’un d’assez conservateur, qui n’aime pas trop le changement, pas trop la nouveauté. Comment va-t-il décrire ce qu’il a vu ? Il va dire : « J’ai vu un bateau à voile sur lequel on a rajouté une machine à vapeur ; finalement, c’est peut-être bien quand il n’y a pas de vent. »

Par contre, quelqu’un qui change de regard, lui, c’est le créatif. Il va dire : « J’ai vu un bateau à vapeur. Bon, on a gardé les voiles, on ne sait jamais si la machine est cassée, il vaut peut-être mieux les garder. » Néanmoins, on voit bien la grande différence ! Celui qui ne change pas son regard voit la vapeur comme un supplément à quelque chose d’existant, celui qui change son regard voit un autre monde, le monde de la marine à vapeur. 

La créativité, c'est l'intelligence qui s'amuse : l'image des sept mâts

Cette image, c’est véritablement la conséquence du non-changement de regard. Ce bateau est le plus grand voilier jamais construit, le bateau a été construit 50 ou 60 ans après, et nous voyons bien que quand nous ne changeons pas de regard, nous sommes dans le « plus la même chose », c’est plus grand, c’est plus fort, c’est plus beau, mais c’est plus de la même chose. Le véritable message de la créativité c’est autre chose. Nous allons prendre un deuxième exemple.

La créativité, c'est l'intelligence qui s'amuse - image et imagination avec le vélocipède

L’exemple du vélocipède donc. C’est extraordinaire. Je suis un passionné de vélo, et il faut bien comprendre que personne n’a jamais inventé le vélo. Personne ne s’est dit un jour : « Tiens, j’ai une idée, je vais faire un vélo. » Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Le premier moment, c’est celui du vélocipède. Le mot le dit bien, velos, rapide, pède, pieds. Le premier engin imaginé, bien avant le vélo tel que nous le connaissons, c’est un engin qui permet aux pieds d’aller plus vite. La suite ? Dans une descente, un vélocipédiste s’est rendu compte qu’il n’avait plus besoin de ses pieds, que l’engin avançait tout seul. Il s’est alors dit : « Tant qu’à faire, j’aimerais bien remonter en face, après la descente ; donc je vais mettre des pédales, etc. » On voit bien que les idées, l’innovation, n’est jamais que la moitié du sujet. La créativité, c’est la capacité à remettre en question au moins une des hypothèses qui sous-tendent notre manière de voir le monde et de passer à l’acte. Prenons un troisième exemple.

La créativité, c'est l'intelligence qui s'amuse - l'exemple du wagon, image et imagination

Toujours dans les transports donc, regardez bien le wagon, pas la locomotive mais bien le wagon. Regardez comment le wagon est construit. Il est construit comme une somme de trois diligences. La créativité, c'est l'intelligence qui s'amuse - l'exemple de la diligence

Regardez bien le module central, le U avec le deux portes. On voit très bien que le wagon est construit comme une somme de diligences. On voit bien toute la différence entre les deux manières de faire. Ou bien on est dans le plus de la même chose, et le wagon effectivement c’est beaucoup mieux que la diligence, ou bien on est dans autre chose, et cela me permet maintenant de définir – le philosophe aime définir – que l’innovation c’est la capacité d’une entreprise à faire changer les choses, la créativité c’est la capacité d’un individu à changer sa manière de voir, de regarder les choses. Ce n’est pas du tout la même chose !

Un des grands créatifs de l’Histoire, Copernic, il ne faut pas l’oublier, c’était un Big Bang à la Renaissance (l’héliocentrisme), mais un Big Bang extraordinaire qui n’a eu aucun impact sur le système solaire. Le système solaire est aujourd’hui exactement comme avant Copernic. Copernic représente la créativité pure. Pour les entreprises, le problème, c’est qu’il faut être plus fort que Copernic, il faut non seulement changer de regard, mais il faut aussi passer à l’action et à l’innovation.

Armelle Lavergne : Changer de regard, et aussi penser dans un autre cadre, nous l’aborderons à la fin de cet exposé. Nous passons maintenant à la deuxième partie, qui commence, comme chaque fois, par une nouvelle question.

Quel est le dénominateur commun de ces créations artistiques ? 

  1. La disparition de Georges Perec
  2. Le fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet
  3. Le boléro de Ravel

Une question ouverte donc. Ces trois oeuvres artistiques ont un point en commun.

Luc de Brabandere : J’aime beaucoup la réponse « Se priver d’un élément ». Effectivement, ces trois créations sont nées dans la contrainte. Une contrainte énorme. Le roman de Perec est écrit sans la lettre « e », l’oeuvre de Jean-Pierre Jeunet a été réalisée avec un budget minuscule, et Le boléro de Ravel est pratiquement complètement en Do majeur. Il a écrit quasiment toute la partition en Do majeur, sauf la fin qui est en Mi. Ces trois oeuvres sont trois enfants de la contrainte. L’idée à faire passer maintenant, c’est justement cette amitié, cette complicité, cette alliance entre la contrainte et la créativité. Ces trois exemples viennent certes de l’art, mais vous avez la même chose dans la science. Je m’intéresse beaucoup à l’histoire de la science, et l’histoire de la science, c’est la créativité à cause de la contrainte. Je vais illustrer cela avec une histoire extraordinaire.

La contrainte alliée de l'imagination - Aristote

L’histoire, c’est celle de Galilée. Mais on va d’abord rester une seconde sur cette première image. À l’époque de Galilée, il n’y avait ni chronomètre, ni vidéo, ni laser, rien du tout. Et Galilée était convaincu qu’Aristote se trompait. Aristote disait qu’un corps, en chutant, avait une vitesse constante. Effectivement, cela va tellement vite qu’on ne se rend pas compte d’un quelconque changement de vitesse. Galilée est convaincu qu’un corps ne chute pas à vitesse constante. Et il a une idée extraordinaire de créativité. Il admet qu’il n’est pas capable de résoudre le problème avec ses yeux, parce que le corps chute trop vite. Donc il se dit alors : « Je vais le résoudre avec mes oreilles. » Il va donc construire un plan incliné que nous allons voir dans l’image ci-dessous.

La contrainte alliée de l'imagination, l'histoire de Galilée

Un plan incliné que nous pouvons d’ailleurs toujours voir à Florence, au Musée Galilée au bord de l’Arno. Il a commencé à jouer avec des cloches. Il les a positionnées le long du plan incliné et il a laissé tomber une boule, similaire à une boule de pétanque. Il s’est alors rendu compte qu’en mettant les cloches, comme sur le dessin, à distance 1 – 2 – 4 – 8, donc en progression géométrique, que la boule, en chutant, avait un rythme constant. Il a donc compris que l’accélération était bel et bien présente, et il a aussi pu la calculer, à une époque où il n’y avait pas de montres. Une idée comme celle-ci naît dans la contrainte.

Dans les entreprises, c’est la même chose. Ce qu’on vient de vivre avec le confinement a été une énorme source de créativité. On a tous été obligés d’inventer des choses, justement à cause de la contrainte. Pour ma part, j’enseigne, et donc j’interroge des étudiants en philosophie, et chaque année j’avais des questions assez originales. Un livre ouvert mais écrans Internet fermés. Cette année, ce n’était pas possible ! Mais mes étudiants auront Internet. Comment, alors, interroge-t-on des étudiants qui ont Internet, en philosophie ? J’ai été obligé d’inventer des questions tout à fait nouvelles. Je leur ai demandé, par exemple : « Imaginez que vous êtes un grand patron et que vous devez engager dans votre entreprise Aristote, Platon, Kant et Descartes. Où les placez-vous ?  » Ce genre de questions a extrêmement bien marché ! Ils ont directement dit : « Aristote à la R&D, Descartes au contrôle de gestion, Kant sans doute aux Ressources Humaines… »

La contrainte est bien une amie de la créativité. 

Armelle Lavergne : Est-ce que tu aurais des conseils à donner si on veut stimuler, par exemple, cette créativité en entreprise. Je sais que tu as animé de nombreux séminaires et aidé dans les entreprises à faire en sorte qu’il y ait de la créativité cadrée, aurais-tu des conseils ?

Luc de Brabandere : Justement, on peut se baser sur cette complicité entre la contrainte et la créativité, si on peut l’organiser. Une chose que je recommande à tout le monde, c’est d’attaquer par les mots. Si par exemple, vous acceptez de parler de votre métier sans utiliser les cinq mots que vous utilisez d’habitude pour décrire votre métier, vous allez nécessairement voir d’autres regards apparaître. Si on demande à la SNCF de décrire son métier sans utiliser le mot « train » et le mot « gare », ils seront obligés de parler autrement de leur métier. C’est un conseil parmi d’autres, mais il y a beaucoup de manières de stimuler la créativité en entreprise.

La contrainte nous pousse plus loin, c’est certain. L’alexandrin, par exemple, est une contrainte terrible, et a poussé les grands auteurs au-delà de leurs limites. D’ailleurs, Victor Hugo dit dans l’un de ses textes, Les Contemplations : « Et je n’ignorais pas que la main courroucée. Qui délivre le mot, délivre la pensée. » Il exprimait, par un alexandrin, la puissance de l’alexandrin. Bon, quand on lit cela, on dépose son stylo et on fait autre chose qu’écrire !

Armelle Lavergne : Parfaite citation pour passer à la troisième partie, sur l’organisation d’une session de créativité. Qui commence, encore une fois, par une question.

Réussir une session de créativité, c’est comme…

  1. Faire monter une mayonnaise : il faut les bons ingrédients, une bonne recette, une méthode claire et un bon coup de main.
  2. Finaliser un puzzle : il faut connaître ou imaginer en avance le résultat, avoir une vision d’ensemble et un peu de feeling et de chance.
  3. Mettre un satellite en orbite : il faut que l’idée retenue poursuive son parcours quand la session est terminée.

Luc de Brabandere : Il y a une meilleure réponse, qui est la mienne, mais il n’y a pas de science de la créativité. Pour moi, c’est la métaphore du satellite en orbite. Pourquoi ? Pour beaucoup de raisons. Pour moi, une idée nouvelle, produite par une session de créativité, c’est le petit bijou qui est mis sur orbite par une fusée qui s’appelle « méthode de créativité », « session de créativité », « brainstorming ». La méthode en elle-même consomme beaucoup de temps, d’énergie, mais ce qui est important, c’est ce petit bijou qui va être mis en orbite, qui va continuer à vivre alors que la session s’arrête.

Imaginez quelqu’un, devant un piano, avec ses mains attachées. Vous vous dites : « Il ne sait pas jouer au piano, celui-là, ce n’est pas possible. » Alors, on va défaire ses liens. Et vous êtes déçus parce qu’il ne sait toujours pas jouer au piano. En fait, il n’a jamais appris. On voit bien qu’il y a deux éléments à la créativité. Le premier, c’est d’enlever les liens. C’est ce qu’on a fait dans les deux premières parties. Libérer, avoir de l’air. Mais quand on est libre, c’est à ce moment-là que l’on applique les méthodes. En l’occurence, dans l’exemple du piano, le solfège. Les méthodes de créativité existent, et elles sont extrêmement utiles. D’une certaine manière, jouer avec les mots comme je le disais, c’est une méthode de créativité.

Je crois que la créativité a ses règles, que l’on peut jouer mieux que d’autres si on comprend bien les règles. Prenons un nouvel exemple.

Organiser une session de créativité - le premier ordinateur, Apple 1

Ceci est assez extraordinaire. Ceci est l’Apple 1. Pour ma génération, on dit tous que le premier ordinateur individuel, ou personnel, c’est l’Apple 2. Pas du tout ! Le premier, c’est l’Apple 1. Celui-là, je l’ai vu au Musée Apple à Prague. Vous y voyez même le mode d’emploi signé à la main par Steve Wozniak ! Regardez ce que vous avez devant vous. Imaginez que c’est avec cela qu’ils ont fait une entreprise qui vaut aujourd’hui plus que tout le CAC 40 ! Maintenant mettez-vous à la place de quelqu’un, à l’époque, à qui on demanderait : « Est-ce que c’est une bonne idée ? » Il y avait 1 000 raisons de dire non ! Cette chose va se défaire, c’est encombrant, on va se brûler, on va recevoir du courant dans les doigts, etc.

Pourquoi je montre cela ? Pour faire passer un message extrêmement important.

Organiser une session de créativité, le labyrintheC’est un petit cartoon, car j’ai aussi ma passion pour les bandes dessinées. Je suis Belge, du pays du dessin, le dessinateur des Schtroumpfs habitait en bas de ma rue, c’est un monde que je connais plutôt bien. Ce dessin, pour moi, est très important. Il rappelle quelque chose d’essentiel. C’est que le cerveau est un moteur à deux temps, deux temps qui ont des fonctions totalement différentes.

Le premier temps, c’est l’imagination, c’est l’ouverture, c’est la divergence. Le deuxième temps, c’est la convergence, c’est le choix, c’est la décision. Nous sommes tous équipés de deux cerveaux, ce qui est une très bonne nouvelle, mais la mauvaise nouvelle, c’est qu’ils ne s’aiment pas ! Ils passent leur temps à se battre. La règle consiste à respecter les deux temps de la pensée. J’en déduis immédiatement qu’une idée nouvelle n’est jamais bonne. Et elle n’est jamais mauvaise. 

Dans une session de créativité, quand quelqu’un arrive avec quelque chose, une idée, surtout ne pas juger, surtout ne pas dire « oui, mais…« . Parce qu’évidemment que ce n’est pas bon ; une idée dans un premier temps n’est jamais que nouvelle. Et c’est à ce moment-là que tout se joue ! Ou bien nous disons « oui, mais… » et nous tuons l’idée, nous oublions, nous passons à autre chose… Ou bien nous disons « oui, et…« , et parfois, nous gagnons le gros lot.

Armelle Lavergne : Nous avons des questions de participants. Quelles sont les règles et les bonnes pratiques pour animer un atelier de créativité ? Évidemment, il y en a plein dans le cours que nous avons co-édité ensemble, mais Luc, est-ce que tu aurais, aujourd’hui, quelques conseils à nous fournir pour préparer cette session de créativité au mieux ?

Luc de Brabandere : Il y a tellement d’idées que je vais avoir du mal à choisir. Je vais vous en donner une qui me tient particulièrement à coeur. Au BCG, j’avais comme mission de former des formateurs. Un jour, une femme particulièrement douée m’a dit : « Je veux faire ça. » Et je me suis dit que c’était formidable, c’était ce qu’elle voulait. Je me suis mis dans le fond de la salle pour sa première animation. Ce n’était pas bon du tout ! Je me suis demandé ce qu’il se passait, j’étais motivé, elle était très douée, où était donc le problème ? En fait, elle essayait de m’imiter. Et cela ne marche pas. Si on veut être un bon comptable, il faut imiter un bon comptable. Si on veut être un bon maçon, il faut imiter un bon maçon. Si on veut être un bon animateur, il ne faut surtout pas essayer d’imiter un bon animateur : il faut construire sur ses propres passions.

Je l’ai appelée, je lui dis : « Dis-moi quelle est ta passion en dehors du business ? » Elle m’a répondu : « L’architecture. » Je lui ai alors dit : « Écoute, on va faire un deuxième essai, mais je veux seulement voir au tableau des images de bâtiments. » Et là, elle a été brillante, car elle a construit le message sur sa passion. C’est la réponse que je donnerais.

Armelle Lavergne : Comment fait-on pour libérer la créativité en respectant le ou les processus ? Si on doit résumer, la créativité, c’est changer de regard, changer de cadre, donc cela sous-entend qu’il y a tout de même des méthodes et un processus qu’il faut potentiellement suivre. Dans le cours, par exemple, on commence par dire de réunir une équipe très diverse. Peut-être que la diversité est un point important pour libérer la créativité, c’est quelque chose que tu nous a beaucoup répété lorsque nous avons construit le cours ?

Luc de Brabandere : Il est clair, je le crois en tout cas, que nous sommes tous créatifs. Nous le sommes tous, à des degrés divers, et surtout de diverses manières. Il y a des gens qui se promènent dans la forêt et qui ont plein d’idées, il y a des gens qui bricolent dans leurs garages toute la journée et qui ont plein d’idées… Il y a toute une série de profils de créativité. Je crois qu’une bonne session de créativité peut venir de la diversité des profils engagés. Si vous ne mettez que des bricoleurs autour de la table, je ne crois pas que de grandes choses sortiront de cette session. Si vous ne mettez que des visionnaires, vous n’aurez peut-être jamais rien de concret. Comme pour un entraîneur de football, il y a un art de créer une équipe lorsqu’on organise une session de créativité.

Je voudrais aussi revenir sur le mot « cadre », car c’est un mot extrêmement important. Sortir du cadre, out of the box, ce n’est pas la bonne expression. Qu’est-ce que le cadre ? Le cadre, dont il faut sortir, c’est un ensemble d’hypothèses que l’on fait à propos d’un sujet. Si vous êtes dans une banque, et qu’on vous demande de sortir du cadre, on ne vous demande pas de sortir de la banque, on vous demande de sortir de la manière dont vous simplifiez le métier de banquier depuis de nombreuses années. Et c’est tout à fait différent !

Le cadre, ce sont des jumelles. Toute idée sort d’un cadre ! Simplement, quand le cadre est vieux, l’idée est un peu décevante. Et la créativité, ce n’est pas tant sortir du cadre, c’est construire de nouveaux cadres, de nouveaux regards. C’est là que nous revenons à notre introduction.

Armelle Lavergne : Nouvelle question. Les entreprises qui ont peu de contraintes, c’est-à-dire parce qu’elles sont en monopole, ou qu’elles sont extrêmement riches, est-ce qu’elles sont moins innovantes ?

Luc de Brabandere : Je dirais qu’il n’y a pas de règles, pas de séances. Disons que toute tentative de trouver les règles de la créativité est vouée à l’échec, puisque par définition, elles n’existent pas. Faut-il, par exemple, pour avoir des idées, être seul ou en groupe ? Parfois l’un, parfois l’autre. Faut-il avoir beaucoup de moyens ? Parfois oui, parfois non. Pendant la guerre, on a inventé des tas de trucs à cause de la contrainte, mais effectivement des entreprises qui ont des budgets énormes de recherche et qui sortent de la contrainte ont également parfois beaucoup d’idées, notamment en recherche fondamentale. Ne cherchons pas les règles de la créativité, elles n’existent pas ! Nous devons engager, avant tout, je dirais un acte de foi. Croire que c’est possible, que c’est important et, finalement, peu importe d’où elles viennent, ces idées. Je suis frappé de voir à quel point les clients ont des idées, écoutez vos clients !

Prenons l’exemple de General Motors. Il y a 100-110 ans, ils ont lancé leur première voiture. C’était surtout dans la région de Chicago, Cleveland, des Grands Lacs. Les clients étaient à l’époque majoritairement des agriculteurs. Que faisaient-ils ? Dès qu’ils recevaient leurs voitures, ils enlevaient la banquette arrière. Pourquoi ? Car ils avaient besoin de place pour transporter de la paille ou autre. Il a fallu 4 à 5 ans à General Motors pour « inventer le pick-up ». Mais ils n’ont rien inventé du tout, ils ont écouté les clients qui ont dit, dès le premier jour, qu’ils n’avaient pas besoin de la banquette arrière parce qu’ils avaient besoin de plus de place.

Armelle Lavergne : Merci pour cette réponse, Luc. Une autre question, comment peut-on parler de créativité en se dissociant de « l’artiste artistique » ?

Luc de Brabandere : C’est extrêmement important ! Cela fait partie des stéréotypes, que la créativité est égale à art, publicité, musique… Pas du tout ! Créativité = comptabilité, informatique, médecine, philosophie… On a tous un regard. L’avocat voit la justice, le médecin la médecine, le dentiste la médecine dentaire… Il n’y a absolument pas de liens entre la créativité et l’art ! L’art est un sous-ensemble. Quand j’ai du temps, je développe la découverte, l’invention et la création en disant : « Effectivement, la création est indispensable dans le monde de l’art, l’invention dans le monde des affaires et la découverte plutôt dans la recherche fondamentale. » Mais cela n’est pas important, nous sommes tous concernés par ce problème de changer de regard, de regarder autrement.

Armelle Lavergne : Merci pour ce retour. Une autre question : est-ce qu’il ne faudrait pas être plus frugal, contraint, plutôt que de tout miser sur des Innovation Labs, très bien équipés et finalement peut-être très peu innovants ?

Luc de Brabandere : Je ne répondrai jamais à une question visant à faire un choix comme celui-ci, visant à définir si quelque chose vaut mieux qu’autre chose. Il faut sortir de la logique du « ou » qui nous vient d’Aristote, la logique du tiers exclu. Il faut utiliser « et » ! La frugalité ET l’abondance. Il faut le matin ET le soir. La solitude ET le groupe. Il faut tout prendre !

Armelle Lavergne : Il y a aussi une question sur le lien entre créativité et innovation. Quel est le lien ou quelle est la différence entre créativité et innovation ?

Luc de Brabandere : Je vais donner l’exemple de Copernic. Copernic, c’est la créativité pure. Créativité extraordinaire, zéro innovation. Car on ne peut pas commencer à bouger les planètes. Zéro innovation donc ! La créativité existe sans innovations, et Copernic en est un très bon exemple. L’innovation existe aussi sans créativité. C’est la capacité de faire plus, mieux, moins cher, etc. Je lisais un article sur la grande bataille des capsules de café entre les différents acteurs du marché : on voit bien que nous sommes dans le monde de la compétition, de l’innovation. Petite capsule, grande, en plastique, en aluminium, je suis à ce moment dans l’innovation. C’est très bien l’innovation ! Mais à un moment donné, il faut autre chose. Quand les ventes chutaient un peu chez Gillette, ils rajoutaient une lame au rasoir. Un moment, cela suffit, il faut changer de regard.

La créativité existe sans innovation, et réciproquement. Kodak en est un exemple tragique. Quand j’avais 20 ans, Kodak, c’était Apple. Ils avaient plus de la moitié des parts de marché. Aujourd’hui, ils sont en faillite. Ils ont tout inventé : la photocopieuse, la photographie instantanée, ils étaient les premiers sur le CD-Rom. Mais ils ont vu le CD comme un bel instrument pour mettre des photos. Ils n’ont pas changé de regard. Qu’est-ce qu’il s’est passé chez Kodak ? Beaucoup de créativité, pas d’innovation.

Un autre exemple, c’est l’informatique européenne. Philips, Bull, Siemens, Logabax, tout est parti ! Pourquoi ? De l’innovation, mais jamais de créativité. Quand on regarde Apple et comment ils ont inventé l’iPod / iTunes, qui ont été des révolutions dans la musique. La véritable question, c’est comment se fait-il que ce ne soit pas Sony qui l’ait inventé ? Sony l’avait avec le Walkman. Un outil que l’on mettait à sa ceinture avec des écouteurs dans les oreilles. Sony avait l’outil. Comment est-ce possible, quand on l’a, de le perdre ? Car on a pas changé de regard, en l’occurence, sur le monde de la musique. Le Walkman, c’est encore cette idée de l’album avec 12 chansons à la fois, sans téléchargement. N’importe qui, LVMH aurait pu inventer l’iPod !

Armelle Lavergne : Si l’on résume, et que l’on reprend la métaphore du satellite en orbite, la créativité, c’est avoir des idées, l’innovation, c’est réussir à les faire vivre.

Luc de Brabandere : Voilà. La créativité est l’aptitude de l’individu à changer son regard. L’innovation, c’est l’aptitude d’une entreprise, d’un groupe, d’une organisation, à changer la réalité des choses. Forcément, les entreprises doivent être plus fortes que Copernic, c’est pour cela que c’est si difficile.

Armelle Lavergne : Merci Luc. Comment aider un créatif à converger, à l’aider à se canaliser, à se cadrer ? C’est le problème de certaines sessions de créativité ?

Luc de Brabandere : Absolument. Je recommande beaucoup les binômes. Je crois qu’il y a des gens qui sont plutôt divergents, d’autres plutôt convergents : l’équipe gagnante, c’est quand il y a les deux. Yves Saint-Laurent, sans Pierre Bergé il ne serait jamais arrivé là où il est arrivé. Même Jules Verne, qui est l’un des plus grands créatifs de l’histoire de la littérature, quand on lit sa biographie, il doit énormément à son éditeur, Hetzel, qui était très contraignant. Il disait : « Jules, c’est trop long, je ne comprends pas, cela ressemble trop à l’autre, raccourcis… » Mais ils étaient d’accord. Je crois beaucoup aux binômes.

Armelle Lavergne : Est-ce que les contextes de crise sont plus favorables au développement de la créativité ?

Luc de Brabandere : Il y a des idées extraordinaires, dans l’Histoire, qui sont nées en temps de crise, il y en a qui sont nées dans des périodes de paix absolues. Il n’y a pas de règles. Par contre, on peut aussi simuler la crise. Il est vrai que si nous regardons la Seconde Guerre Mondiale, on y a inventé des tas de choses, et c’est un peu tragique. Mais ne cherchons pas les lois, c’est un acte de foi.

Armelle Lavergne : Ne cherchons pas les lois mais si nous souhaitons aider nos participants qui vont se dire : « OK, demain, je vais essayer de changer de regard, essayer de faire ce binôme« ,  est-ce que tu as des techniques, simples, pour être plus créatif au jour le jour ? Des réflexes, des remises en question ?

Luc de Brabandere : Changer ses habitudes. Ne pas aller dans le même restaurant, ne pas prendre le même moyen de transport, par exemple acheter un journal qui ne nous intéresse pas. Je ne suis pas un chasseur, j’achète le journal des chasseurs. Il y a toujours un moyen de se perturber. Il y a un certain nombre de règles qui ne sont pas difficiles à mettre en place. Par exemple, dans une session de créativité, une règle qui est très importante, c’est le point de départ. Une bonne session commence par une bonne question. Et une bonne question n’est pas évidente. Si quelqu’un demande : « Comment faire pour que ça aille mieux dans l’entreprise ?« , ce n’est pas une bonne question, il y a toute une série de critères. Je crois vraiment qu’il existe des règles, mais ce n’est pas la vraie difficulté. La véritable difficulté, c’est de croire que c’est possible et que c’est amusant. Il y a un vrai plaisir. Mon premier livre avec Anne Mikolajczak s’appelle Le Plaisir des Idées. Ce n’est pas forcément le meilleur livre, mais c’est très certainement le meilleur titre !`

Armelle Lavergne : Merci beaucoup, Luc. On vous propose aussi des liens, pour aller plus loin.

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Coorpacademy, le « Netflix » du Digital Learning – Une rencontre avec Jean-Marc Tassetto dans Forbes

 

« Apprendre à apprendre, désapprendre et réapprendre – et surtout à le faire soi-même, par la formation digitale par exemple – est devenu nécessaire pour faire face aux incertitudes de demain, pour les entreprises (cela doit faire partie intégrante de leur stratégie) mais surtout au niveau individuel (pour ne pas rester sur le carreau) ! »

Dans cette interview dans Forbes, Jean-Marc Tassetto, co-fondateur de Coorpacademy, nous livre sa vision, incarnée par Coorpacademy, de l’apprentissage tout au long de la vie, des tendances profondes à venir ou encore des enjeux géostratégiques à faire émerger, en Europe, des géants de la formation continue.

Rencontre dans cette interview par Désirée de Lamarzelle.

Spécialisée dans la formation en ligne pour les grands groupes, la start-up Coorpacademy qui réunit plus d’un million d’apprenants (salariés en formation) est devenue la référence du e-learning. Avec sa plateforme de modules aussi pédagogiques que flexibles, elle s’est fixée comme principal indicateur de performance, le taux d’engagement de la formation.

Richemont, BNP, Schneider Electric, Michelin, L’Oréal,… En quelques années Coorpacademy est devenu le leader de la formation en ligne ( ou e-learning ), avec sa richesse de contenu, basée sur l’assimilation des soft skills mais également une pédagogie personnalisable. Une agilité qui s’est illustrée en avril dernier avec la mise en place en seulement deux semaines d’une plateforme de formations axées Covid-19 – en particulier la réanimation – pour les soignants de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Une vision de l’apprentissage au long cours, où il faudra autant « apprendre que désapprendre » pour son co-fondateur  (ancien directeur général de Google France), Jean Marc Tasseto. Rencontre.

Désirée de Lamarzelle : Comment présenter Coorpacademy ? 

Jean Marc Tassetto : Avec mes co-fondateurs Arnauld Mitre et Frédérick Bénichou, nous avons voulu réinventer le e-learning qui était perçu négativement, réputé ennuyeux, et surtout de moins en moins utilisé dans les entreprises. Les nouvelles technologies, les nouveaux usages du web ainsi que la culture très digitale des apprenants (pas celle des managers mais celle des employés) méritaient un protocole pédagogique nouveau et des manières modernes d’apprendre en ligne. Avec le Digital Learning  – et les mots ont leur importance -, c’est à dire la révolution digitale appliquée à l’enseignement, nous nous focalisons sur la formation en ligne pour les entreprises, ainsi que sur leurs problématiques de formation. Notre protocole pédagogique est plus engageant, plus social, plus fun, plus digital, et nous l’avons encapsulé dans une plateforme, Coorpacademy. Mais une plateforme n’est rien sans délivrer du contenu premium, de qualité, qui s’adosse sur notre catalogue, un des catalogues de contenu le plus qualitatif du marché pour couvrir toutes les compétences indispensables pour évoluer dans le monde de demain.

Peut-on dire que vous êtes spécialisé dans le micro-learning et quels sont ses principaux atouts ?

Tout notre contenu, doit être disponible en format micro-learning c’est-à-dire du contenu découpé en plusieurs sessions courtes de 5 mn maximum, plus accessibles, avec la création d’opportunités et de contextes en toile de fond. Une session de micro-learning doit être envisagée comme un moyen de créer des « moments » particuliers et utiles pour apprendre, notamment sur mobile, que ce soit en attendant le début d’une réunion ou le départ d’un vol. C’est dans ces moments que les salariés souhaitent intégrer quelques notions utiles. Le micro-learning est une réponse pertinente au manque de temps que crée le modèle classique de la formation en entreprise. Selon une étude*, 2/3 des personnes se plaignent de ne pas avoir le temps de faire leur travail. Beaucoup sont impatients, ne passant pas plus de 4 minutes sur une vidéo avec un temps d’attention sur un site internet compris entre 5 et 10 secondes. Ils sont également distraits, à déverrouiller leur smartphone jusqu’à 9 fois par heure ou se connectant en ligne en moyenne 27 fois par jour. Un court laps de temps d’attention ou un manque de temps tout simplement pour se former auquel Coorpacademy apporte une réponse en termes de flexibilité et d’efficience.

L’e-learning est-il un élément essentiel de la stratégie d’adaptation des entreprises ?

Si on garde à l’esprit que 85% des emplois en 2030 n’ont pas encore été inventés, s’ouvre à nous une ère d’apprentissage qui durera tout au long de la vie. Les employés doivent apprendre « sur le moment », « au cours de leurs journées professionnelles. », et la capacité d’apprendre de nouvelles choses, d’apprendre à apprendre commence à avoir plus de valeur que les connaissances elles-mêmes. Et d’un autre côté, le monde du business évolue de plus en plus vite, l’automatisation prend de plus en plus d’ampleur, avec la capacité pour les employés de savoir penser autrement, d’apprendre à apprendre les prochaines compétences, celles dont ils auront besoin dans 10 ans, et qui devient de plus en plus cruciale.

Apprendre tout au long de sa carrière ?

Oui. Apprendre à apprendre, désapprendre et réapprendre – et surtout à le faire soi-même, par la formation digitale par exemple – est devenu nécessaire pour faire face aux incertitudes de demain, pour les entreprises (cela doit faire partie intégrante de leur stratégie) mais surtout au niveau individuel (pour ne pas rester sur le carreau) ! Selon le Forum Économique Mondial, « le monde se retrouve face à une urgence de « reskilling » et « d’upskilling » (re-qualification, montée en compétence). Les entreprises qui s’en sortiront seront celles qui investiront dans la montée en compétence, la formation de leurs employés. Dans des journées de travail toujours plus surchargées, la formation en ligne, de par ses principes de massification, d’ubiquité, de rapidité de diffusion, peut aider. Autre avantage : la formation digitale met l’apprenant en position active d’apprentissage. L’apprenant devient cette personne qui décide d’apprendre, autonome face à son parcours de formation, et non plus cantonnée à enregistrer un savoir transmis.

Quelles tendances profondes observez-vous dans la société ?

Nous sentons qu’il y a une véritable prise de conscience de l’importance de la formation dans la société, mais aussi de l’importance de la formation pour transformer. Au niveau individuel, chacun est désormais responsable de sa propre employabilité.

Les entreprises, quant à elles, font face en ce moment, et encore plus avec la crise du Covid-19, à des transformations majeures, organisationnelles, digitales, managériales, durables, culturelles… La formation permet de s’y préparer, mais aussi et surtout de les accompagner. Et nos clients l’ont bien compris ! Nous échangeons avec eux sur les tendances de la formation, les meilleures pratiques à adopter, l’innovation pédagogique avec nos programmes de R&D soutenus par l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, notre roadmap produit ou encore nos nouveautés en matière de production de contenu et de partenariats éditoriaux.

Coorpacademy peut -il évoluer encore vers d’autres formes de business, comme  un modèle plus collaboratif d’e-learning?

Chaque client est déjà autonome dans la création de ses cours dédiés. Nous avons une équipe dédiée pour assister les clients dans la création de leur contenu propre, créer leurs propres vidéos de formation. Les clients ont la main sur un outil de développement dédié, Cockpit, qui permet, en quelques clics, de diffuser sa formation. Sur chaque cours, un apprenant peut aussi devenir ce que nous appelons Coach et aider ses pairs.

 Que sera Coorpacademy dans deux ans ?

À l’Ouest comme à l’Est, des géants de la formation digitale poussent aux portes de l’Europe. Aux États-Unis, LinkedIn a profité de la puissance de son réseau et de l’appui de la maison-mère Microsoft pour dispenser des formations via LinkedIn Learning. En Chine, Jack Ma, fondateur d’Alibaba, se reconvertit dans l’éducation. Il y a aussi un enjeu géostratégique à faire émerger un géant en Europe, à faire rayonner nos contenus, nos grands éditeurs, notre soft power. Notre ambition est de devenir le géant européen de la formation en ligne pour les entreprises, de faire rayonner nos contenus, nos éditeurs, notre savoir-faire. D’ailleurs nous persévérons dans l’innovation pédagogique, en continuant à travailler sur les formats innovants, engageants et divertissants, au service de l’éducation.

Par exemple ?

Par exemple nous avions créé l’année dernière le premier Escape Game digital où l’on apprend quelque chose. Aujourd’hui, nous avons Suspects, la première série 100 % formation et 100 % fiction : une série dans laquelle l’apprenant enquête sur un vol et doit interroger les suspects en utilisant ses compétences comportementales. Immersion garantie ! Avec plusieurs fins disponibles, l’apprenant pourra résoudre l’enquête s’il a fait preuve d’écoute active, de persuasion ou d’intelligence émotionnelle aux bons moments.

Notre ambition est aussi de continuer d’être des pionniers en matière d’innovation pédagogique, de contenus engageants, et de continuer à s’inspirer de ce qui marche dans le monde des séries, de l’entertainment, pour proposer à nos apprenants les contenus les plus engageants possibles.

Qui sont vos concurrents ?

Sur le marché de la formation en ligne pour les entreprises, une catégorie d’acteurs « nouvelle génération » a émergé en plaçant l’apprenant au cœur de l’expérience utilisateur, par opposition aux solutions centrées sur les administrateurs. Coorpacademy fait partie de ce que le cabinet d’analyse Gartner a appelé « Learning Experience Plateform » : les solutions qui misent avant tout sur l’engagement de l’apprenant. Celles qui créent une véritable expérience d’apprentissage, personnalisée et individualisée. Ce marché très dynamique attire les convoitises et il existe beaucoup de petits acteurs spécialisés. Notre vision écosystémique nous permet de nous insérer dans les systèmes d’information RH (SIRH) des entreprises et de gagner des appels d’offres internationaux pour de grandes entreprises type CAC40. Ce positionnement de « smart content library » qui allie technologie, catalogue de formation premium et format d’apprentissage en ligne totalement innovant est un différenciateur très fort et fait de nous un acteur unique sur le marché.

*Étude Josh Bersin pour Deloitte

Une collaboration Brut et Coorpacademy sur l’apprentissage immersif

 

L’apprentissage immersif, se former en jouant aux jeux vidéo Développer ses compétences en jouant aux jeux vidéo, c’est ce que propose Coorpacademy avec l’apprentissage immersif. De Google à Lego, cette méthode inventée par Yu-Kaï Chou a su conquérir les plus grandes entreprises mondiales. Voilà pourquoi.

« Pourquoi ne pas prendre les choses qui nous attirent tant dans les jeux et les mettre dans les choses importantes, comme les soins de santé, les finances, l’éducation ? »

Yu Kaï-Chou a inventé une méthode qui permet de se former en jouant aux jeux vidéo. C’est l’immersive learning, ou apprentissage immersif.

L’apprentissage immersif est mis en oeuvre à travers la réalité virtuelle, la réalité augmentée, certains mélangent – ce qui donne « la réalité mixte » – et les serious games, mettant les gens dans environnements gratifiants pour qu’ils en apprennent plus.

Google, Uber, Lego, toutes ces grandes entreprises utilisent cette technique de formation. Les entreprises se tournent de plus en plus vers l’apprentissage immersif parce qu’elles voient que cela fonctionne réellement. C’est une façon pour les gens de conserver des connaissances sur le long terme. Les méthodes d’apprentissage traditionnelles apportent des connaissances plus rapidement, mais ce n’est pas aussi profond.

Les gens n’aiment pas [la formation traditionnelle] et oublient 80 % de ce qu’ils ont appris. Les entreprises se sont alors dit que si tout le monde utilisait l’apprentissage immersif, ils conserveraient les connaissances, les appliqueraient, et ainsi toute l’entreprise progresserait. Je crois que si vous n’utilisez pas d’apprentissage immersif maintenant, cela deviendra un handicap.

À l’origine, l’immersive learning était utilisé dans l’armée pour se préparer aux situations les plus difficiles à gérer. Aujourd’hui, elle est reprise par des entreprises de formation en ligne, comme Coorpacademy, qui a lancé une série interactive où l’apprenant se trouve être le héros de la formation. Arnauld Mitre, nous explique.

L’idée, c’est, un peu à l’instar de ce qu’avait fait pour ceux qui connaissent Netflix avec un épisode de « Black Mirror » qui s’appelait « Bandersnatch » ou avec une autre série qui s’appelle « You vs Wild », c’est la possibilité à l’utilisateur d’incarner le personnage principal d’une série et donc de décider des actions et de ce qui va se passer dans la série. Donc, on a appliqué ce concept au monde de la formation et la série « Suspects », en deux mots : vous incarnez un jeune policier qui doit interroger plusieurs suspects dans le cadre d’une affaire de vol de formule. On va apprendre des choses sur ces compétences que sont donc l’empathie, l’écoute active, la négociation, etc., mais sans vraiment s’en rendre compte, en l’appliquant directement à l’interrogatoire. Et c’est seulement à la fin d’un épisode, en fonction du profil que vous aurez eu pendant l’interrogatoire, qu’on vous fera des recommandations de modules à suivre pour éventuellement améliorer vos compétences douces, vos soft skills sur les sujets en question.

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